Interview accordée au site Passionhockey.com
Nouvelle identité visuelle, nouveau projet. Les Lions ont laissé place au Lyon Hockey Club Pro, équipe fanion de l’association qui a pour objectif de faire revivre le hockey majeur dans la capitale des Gaules. Nous nous sommes entretenus avec Gérald Guennelon, manager de l’équipe sénior de Lyon.
Bonjour Gérald. Démis de vos fonctions de Directeur Technique National en 2018, vous aviez retrouvé un poste en qualité d’entraîneur-manager général du LHC les Lions pour la saison 2019-2020, qui ne pourra finalement aboutir avec à terme la liquidation judiciaire de l’entité. Ne vous êtes-vous pas senti « maudit » ?
Le mot « démis » n’est peut-être pas exact, en la manière dont les choses se sont passées. Maintenant maudit n’est pas le terme que j’emploierai, car il faut sortir du cadre personnel. À mon niveau, j’ai toujours fait passer l’intérêt du hockey avant le mien, et je ne vois toujours que l’intérêt du hockey. Donc aujourd’hui et pour demain, ce qui m’importe c’est que Lyon puisse être une place forte du hockey français, comme elle l’était jusque-là. Il faut de nouveau lui offrir la chance de rayonner dans le paysage du hockey national et dans le bassin lyonnais. Tous les bénévoles de l’association et les jeunes générations méritent de connaître un bel avenir.
En dépit de la saison blanche, vous êtes vous-même resté investi dans le projet. Quel a été votre rôle durant cette période particulière ?
Une fois que la Fédération a acté le refus de l’engagement de l’équipe pro en Ligue Magnus, une longue période de négociations s’est ouverte. Il a fallu que je puisse maintenir la motivation des joueurs tant qu’il restait des recours, les accompagner au mieux et poursuivre les entraînements avec le staff. Il fallait également informer régulièrement les joueurs de la situation. L’accompagnement passait aussi par le fait d’anticiper afin de les aider à réfléchir à des possibilités de rebond « au cas où ». En fonction de l’avancée, c’était ensuite à eux de prendre leur décision car plus la décision était tardive, plus il était compliqué de maintenir l’effectif dans le projet et plus la situation des joueurs était délicate. Ce que je déplore, c’est que la fédération n’a jamais pris en compte l’humain, surtout à ce moment de la saison, et pourtant il y avait des solutions.
Quand la décision fut définitive, j’ai d’abord poursuivi le lien avec les joueurs pour qu’ils puissent faire valoir leurs droits, ce qui est toujours en cours. Ensuite j’ai accusé le coup, il m’a fallu un certain temps pour encaisser ce nouveau coup de massue. Après un bon mois de réflexion, ma volonté a été de voir quelles étaient les possibilités pour que vive le hockey à Lyon. Je me suis donc rapproché de l’association qui gère le hockey mineur, j’ai rencontré le président et son bureau de manière à voir s’ils étaient partants pour que l’on construise ensemble un nouveau projet. L’association a été à l’écoute et s’est inscrite dans la démarche, c’est donc en commun que nous avons écrit et bâti le nouveau projet, à l’horizon 2020-2021.
Le hockey doit redevenir un sport qui fera parler de lui dans le bassin lyonnais.
La communication a commencé, avec une nouvelle identité visuelle et une volonté affichée et assumée de rompre avec le passé. Quelle est la philosophie du nouveau projet ?
La philosophie est liée à la volonté de construire un club avec des bases solides, et de proposer une évolution en phase avec la réalité des ressources humaines que la structure sera capable de générer. Cela est forcément également lié aux ressources financières. Ce qui est important, c’est qu’il y ait aussi un lien fort avec le hockey jeune, pour que tous les efforts réalisés jusque-là, la dynamique mise en place notamment avec la création des sections sport-études et l’entente avec les clubs de Roanne et de Clermont-Ferrand, puissent déboucher à terme à la structuration de l’effectif sénior.
Plus généralement, il est question de redonner au hockey lyonnais une image en phase avec les attentes. C’est à construire avec les supporters et tous les partenaires potentiels, qui existaient à l’époque des Lions, et qui seraient prêts à investir dans une nouvelle aventure. Le hockey doit redevenir un sport qui fera parler de lui dans le bassin lyonnais.
Quelle sera l’équipe dirigeante de la structure « majeure » ?
Une commission a été créée, dans laquelle se trouvent à la fois des membres du bureau directeur de l’association et des personnes extérieures qui sont venues se greffer au projet. Les futurs dirigeants, émanant de la commission, seront connus une fois que le projet sera définitivement lancé.
Quels sont les partenaires qui permettent de rebâtir ce projet hockey entre Saône et Rhône ?
Aujourd’hui, des démarches ont été effectuées de manière progressive et nous disposons de retours positifs de la part de partenaires intéressés à l’idée de rallier cette aventure. Mais officiellement, les choses ne sont pas encore contractées.
À côté de cela, nous avons bien conscience que notre ambition ne pourra aller que de pair avec l’accompagnement de la collectivité. Nous ne sommes pas dupes, le sport français dépend encore des collectivités, c’est particulièrement vrai dans notre discipline. Notre développement ne sera possible que si notre collectivité nous encourage et nous donne les moyens de nous relancer pleinement. Cela suppose évidemment un soutien financier, mais aussi un accès à la glace en cohérence avec les attentes et le développement d’un club aussi conséquent que celui de Lyon, puisqu’au nombre de licenciés c’est toujours l’un des clubs les plus importants en France.
Cet accompagnement est crucial pour la pérennité de l’association combinée à la relance d’une équipe senior.
Lyon est une ville sportive et reconnue ambitieuse dans toutes les disciplines. Quels sont les objectifs sportifs du « LHC Pro » à court, moyen et long terme ?
Il est évident que pour les dirigeants, le souhait est avant tout de pouvoir gravir les échelons le plus rapidement possible. Mais nous avons conscience que cela va aussi dépendre de notre réalité budgétaire et des aspects de structuration, et puis bien sur des performances sportives. Mais l’un n’ira pas sans l’autre.
Reste que l’ambition au terme de la saison prochaine est bien évidemment la promotion en Division 2.
Cela repart par le plus bas, la Division 3. Le club n’a pas encore dévoilé l’effectif. Comment celui-ci a-t-il été bâti ?
Quand on essaie d’atteindre un objectif sportif comme une promotion en division supérieure, il faut s’en donner les moyens. Dans notre cas, il s’agissait de composer une mixité avec des joueurs d’une certaine expérience et de jeunes joueurs, afin de rester en phase avec la philosophie du projet. Nous nous sommes donc d’abord penchés sur les forces issues du club de Lyon, puis nous sommes allés voir quelles étaient les possibilités de récupérer des joueurs d’expérience. Aujourd’hui nous sommes tout proches d’atteindre cet objectif pour l’effectif lyonnais.